Urgences 2016

urgence 2016

1, 2 et 3 juin, Porte Maillot, Paris

Ce congrès, magnifiquement organisé par la SFMU et SAMU Urgences de France est toujours extrêmement riche de conférences (souvent pointues) et d’ateliers pratiques. C’est le rendez-vous incontournable de la médecine d’urgence francophone.
En ce qui concerne la prise en charge de l’arrêt cardiaque, nous avons retenues plusieurs communications libres intéressantes.

Place du remplissage vasculaire lors de la réanimation de l’AC extrahospitalier, par Jean-Marc Agostinucci, de Bobigny.
Il rapportait les données de 4 SMUR d’un même département. Le remplissage était dichotomisé selon le critère « plus ou moins de 500 ml de soluté ». Il s’avère que le taux de RACS augmente significativement avec le volume de remplissage administré mais sans bénéfice sur la survie. La question reste posée de l’intérêt du remplissage vasculaire dans la réanimation initiale de l’AC.

Le post conditionnement ischémique (PCI) pendant la réanimation cardio-pulmonaire de base améliore l’hémodynamique et la survie dans un modèle porcin d’arrêt cardiaque prolongé, par Guillaume Debaty, de Grenoble.
Il est connu que les lésions de reperfusion sont proportionnelles à la durée de l’ischémie. Pour l’auteur, en utilisant des pauses en début de RCP, le PCI améliore le devenir neurologique et l’hémodynamique en combinaison avec l’adrénaline. Il a voulu, dans son travail, évaluer la réalité de cette réduction des lésions de reperfusion, ainsi que la récupération neurologique à 24h, ce, sans ajout d’adrénaline. Le travail a été conduit sur 28 cochons répartis en 4 groupes. Il en ressort que le PC avec 3 pauses de 20 secondes au début de la RCP améliore la perfusion coronaire et le taux de RACS, réduit la dysfonction myocardique post RACS et améliore la survie.
NDLR : Arrêter les compressions améliore la survie ? A tout le moins paradoxal !

La revascularisation coronaire précoce améliore le statut hémodynamique lors d’un arrêt cardiaque réfractaire traité par CEC chez le porc, par Alice Hutin, de Paris.
La CEC (ECPR) est une thérapeutique envisagée dans les recommandations pour la prise en charge de l’AC réfractaire. D’autre part, la revascularisation coronaire en urgence est recommandée dans l’AC récupéré avec suspicion de SCA. Mais quelle est la hiérarchisation optimale des soins ? Revasculariser ou ECMO ? Pour répondre à cette question, les auteurs ont évalué chez des cochons, vascularisation précoce et retardée. Ils concluent que la précocité de la revascularisation joue sur le statut hémodynamique au cours d’un AC réfractaire de cause ischémique et mis sous CEC.
NDLR : Donc reperfusion, puis ECMO.

Comparaison de l’épidémiologie de la prise en charge et de la survie des AC post traumatiques fermés ou pénétrants, par Marine Paupe, de Lyon.
Elle précise que les RACS sont plus fréquents pour les traumatismes fermés que pour les traumatismes ouverts mais la survie n’est pas pour autant plus élevée.

Place de l’ECMO dans la prise en charge des ACR pré-hospitaliers : procédure Arrêt Cardiaque ECMO prioritaire, par Adrien Lauvray, de Nancy.
Dans cette équipe, en 15 minutes ( !), l’équipe chirurgicale est opérationnelle, même la nuit. Ceci justifie, pour les auteurs, qu’ils ne se soient pas lancés dans l’ECMO pré-hospitalière. Ils arrivent, en raccourcissant les délais, à réduire significativement la durée de Low-Flow pour les patients éligibles à l’ECMO.
NDLR : Ouvrir d’abord les artères !

L’induction pré-hospitalière d’une hypothermie thérapeutique améliore-t-elle le devenir neurologique après AC?, par Guillaume Debaty, de Grenoble.
L’initiation d’un contrôle ciblé de la température dès la phase pré-hospitalière réduit le délai pour atteindre la température cible. La méthode la plus souvent utilisée est la perfusion de larges volumes de sérum salé froid. Mais cette approche améliore t-elle le devenir neurologique à 30J ? Pour répondre à la question, les auteurs ont conduit une étude observationnelle, comparative et multicentrique sur les données du registre RéAC. Au total, ont été inclus, 7 920 patients sans hypothermie et 1 207 avec. La conclusion est que l’induction pré-hospitalière d’une hypothermie thérapeutique n’est pas associée à une amélioration du devenir neurologique à 30 j pour les patients ayant présenté un RACS après AC pré-hospitalier.
NDLR : Encore un mythe qui disparaît ?

Etude de la ventilation pendant la réanimation cardio-pulmonaire sur les cadavres Thiels, par Dominique Savary, d’Annecy.
La méthode de conservation des cadavres Thiel évite toute rigidité. L’utilisation de ces « pièces anatomiques » permet ainsi dévaluer l’interaction de la ventilation et de la circulation au cours de la RCP. Les corps étaient ventilés avec un Monnal T60, avec une PEEP à 10 cm H20, un Vt de 6ml/kg et une FR de 10/min. La moyenne des résistances a été de 10 cm H20/L/sec. La moyenne de compliance thoracique a été de 155 mL/cmH20. La pression de « fermeture » pulmonaire est de 8 cm H20, en moyenne. NDLR : Ces travaux fondamentaux vont certainement profondément modifier la prise en charge des ACR.

Etat des lieux de l’utilisation de la voie intra-osseuse lors de la prise en charge d’un AC pré-hospitalier, par Valentine Baert, de Lille.
La voie IO est la meilleure alternative à la VV périphérique mais elle est limitée par son coût : VVP = 1.20 Euros, IO= 125 Euros.

Première évaluation clinique pré-hospitalière d’un mode de ventilation spécifiquement dédié à la RCP, par Adrien Drouet, d’Annecy.
Le mode CPV est un mode ventilatoire automatisé destiné à limiter les effets adverses de la ventilation et permettant de combiner compressions thoraciques continues et ventilation. Le respirateur utilisé est un respirateur à turbine pouvant être utilisé avec un masque facial ou une sonde IT. Ce mode permet de se libérer du « BAVU », facilité le travail des intervenants et semble libérer du temps « pour la famille ».