Edito

Le plus grand danger pour la plupart d’entre nous n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignons.

Michel Ange

Il en va ainsi de la médecine d’urgence. Un malade en détresse ne saurait être tiré d’affaire par un traitement a minima. Un blessé qui souffre ne saurait se contenter de quelques paroles et d’un antalgique mineur. Une détresse respiratoire ne se résout que par une parfaite connaissance de la sémiologie et une maîtrise parfaite de gestes essentiels. En ce qui concerne la prise en charge d’un arrêt cardiaque, challenge ultime, celui qui se contenterait d’un RACS sans avoir à l’esprit la préservation des fonctions neurologiques, aurait manque de cette ambition « du meilleur » qui doit nous animer. En l’occurrence, la pratique de compressions thoraciques continues associées à une oxygénation passive par b-card devrait être le « gold standard ». Il est un devoir d’excellence qui est la constante de notre métier de soignant. Il n’y a pas de gradation dans la pratique médicale. Il n’y a pas deux façons d’exercer la médecine, il n’y en a qu’une : la bonne. Et c’est ce qui est attendu de nous. Et c’est pour cela que nous poursuivons tout au long de notre pratique une formation qui est continue pour que nous gardions une constance de bon exercice. Si nous n’avons pas d’obligation de résultat, nous avons une obligation de moyens et ces moyens passent d’abord par nous.

Cette exigence n’est pas un fardeau, elle porte en elle le bonheur à nul autre pareil du bon accomplissement de notre tâche.

S’il n’y a pas eu plus de morts dans les suites immédiates des attentats de Paris et Bruxelles, c’est que sur place, puis à l’hôpital, tous, pompiers, infirmiers, médecins (et quelle que soit leur structure d’appartenance) ont donné le meilleur. Et je suis sûr que tous, malgré le traumatisme indicible au contact de l’horreur, malgré les cauchemars qui ont ensuite habité leurs nuits, malgré la cicatrice qu’ils portent à jamais, ils ont désormais au fond d’eux-mêmes la fierté légitime d’avoir su résister et préserver de l’humain face à l’inhumaine terreur. Ce sentiment du devoir accompli est propre à chacun d’eux et leur appartient. Sans vanité mal venue, ils savent qu’ils ont donné le meilleur. Et sans hommage excessif, reconnaissons qu’ils ont honoré la médecine d’urgence.

Rédacteur en Chef
Jean-Claude Deslandes