Edito

Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.
Sénèque

Lorsque James Elam fit du bouche à bouche à des patients poliomyélitiques apnéiques, ses collègues le regardèrent avec effroi. Faisant fi du risque de contagion, le Dr Elam initia un geste qui bouleversait la réanimation d’urgence.
Lorsque le Docteur LJ Poullain fut atteint du choléra en Algérie en 1849, il refusa son évacuation et eu cette phrase que nous pouvons tous méditer :« Où est le mal, le médecin doit rester et mourir ». Il est mort le 16 octobre 1849.
Le Médecin capitaine Raymond fut un des premiers à sauter sur Dien Bien Phu, pour secourir les blessés des deux camps, car c’était le propre du service de santé des armées françaises. Il en fut aussi le premier mort.
Lorsque Xavier Emmanuelli et Bernard Kouchner, bien avant de créer Médecins Sans Frontières, décidèrent en 1968, sous couvert plus ou moins officiel de la Croix Rouge, de secourir avec quelques autres les populations du Biafra, ils n’étaient pas du tout sûrs d’en revenir, mais qu’importait à leurs yeux. Le besoin était là bas et il fallait répondre. Les « french doctors » étaient nés.
Bien sûr, il n’est pas question de rechercher le sacrifice suprême comme ultime symbole de notre profession de soignant. Il n’est nulle rédemption à trouver dans l’acte de soigner et rien n’est moins utile aux patients qu’un médecin disparu. Mais l’exemple de ces grands anciens nous interpelle. Etre médecin ou infirmier de l’urgence est et doit rester, à mes yeux, une pratique nécessitant un certain engagement. Ceci est spécialement vrai en médecine préhospitalière. Loin du confort (relatif) de l’hôpital, en ambulance ou en hélicoptère, la seule certitude que nous ayons est qu’une mission doit être accomplie, avec en bout de ligne un patient qui compte sur nous, quelles que soient les circonstances, la distance, la météo, la fatigue de la garde. Il y a du courage à être acteur de l’urgence. Osons le dire. Et cette qualité est même indispensable à la bonne conduite de notre travail.

Jean-Claude Deslandes
Rédacteur en Chef