Actualité dans la réanimation cardio-pulmonaire et cardio-cérébrale

Acute Medicine & Surgery 2017 ; 4 : 227-234
Synthèse de l’article de Gordon A.

Les pathologies cardio-vasculaires restent, dans les pays industrialisés, la principale cause de décès chez les adultes : environ une chance sur huit pour un américain de 40 ans. Les arrêts cardiaques (AC) sont classifiés en deux catégories. Les AC primaires et les AC secondaires à une insuffisance respiratoire (noyade, intoxication…). Dans la première catégorie, l’oxygénation sanguine artérielle reste normale plusieurs minutes. La ventilation artificielle n’est donc pas nécessaire, dans un premier temps. Dans la deuxième catégorie, l’hypoxie précède l’AC. Ces patients doivent bénéficier d’une ventilation précoce.

Survie des AC primaires
Les premières recommandations de l’American Heart Association remontent à 1974. Les dernières ont été édictées en 2015. La survie des AC hors hôpital est de 7,6% en moyenne aux USA et de 17,7% si l’AC est consécutif à une FV. Ces chiffres n’évoluent guère. Une avancée importante a été l’élaboration du concept d’implication des premiers témoins et à la recommandation de pratiquer un bouche à bouche alterné avec les compressions thoraciques (CT).

Les nouvelles approches
Depuis le début des années 90, l’Université de l’Arizona préconise de réaliser des compressions thoraciques seules par le témoin (CO-CPR : compression only CPR). Dans une étude chez l’animal placé en FV, cette pratique c’est avérée équivalente à la RCP classique avec ventilation.

Reconnaître l’AC
Un arrêt cardiaque primaire se définit comme « chute inattendue devant témoin d’une personne qui ne répond pas et ne respire pas normalement ». Cette définition inclut la présence de « gasp ». Nous avons noté, chez le cochon en FV, qu’une ventilation pouvait persister une minute. Les « gasp » débutent à la deuxième minute et diminuent progressivement, pendant 6 minutes. Ces signes sont importants car ils confirment que l’AC est récent. Nous avons noté qu’en présence de « gasp », une RCP permet un taux de survie de 39% versus 9% sans « gasp ». L’utilisation précoce d’un défibrillateur est, bien sûr, recommandée.

CO-CPR par le premier témoin
Nous avons publié 6 études incluant un total de 169 cochons, avec des durées de FV variables avant que soient débutées, soit une CO-CPR, soit une CPR standard avec ventilation après 4 secondes, soit pas du tout de CPR avant les secours. Nous avons trouvé un taux de survie de 73% en CO-CPR, 70% en CPR standard et 7% sans CPR initiale.

Observation de référence concernant la RCP par témoin
Depuis des décennies, il était de règle de réaliser 2 ventilations rapides (4 secondes) entre chaque séquence de compressions. Mais il a rapidement été observé que les témoins avaient du mal à respecter cette vitesse d’action. Des travaux ont même pu montrer que cette interruption des compressions pouvait atteindre 16 secondes.

Perfusion cérébrale durant les compressions thoraciques réalisées par un témoin
Une observation célèbre rapporte le cas d’une femme suivant les conseils donnés par téléphone et disant « « lorsque je comprime sa poitrine, mon mari ouvre les yeux. Lorsque j’arrête il les ferme ». Quelle meilleure preuve de circulation cérébrale ?

Physiopathologie de l’AC primaire
Rendant visite à Stig Steen, en 2002, il nous confie que les cochons mis en FV développaient une congestion veineuse, un cœur droit distendu en 3 minutes et un cœur gauche vide. Le sang, très rapidement va du système artériel à haute pression vers le système veineux à basse pression. Ceci explique l’absence de pouls malgré une activité électrique persistante.

Compressions thoraciques seules lors d’un AC primaire
Dès 2002, nous avons décidé de sortir des recommandations classiques. Les compressions thoraciques sont un facteur essentiel pour diminuer la stase droite, perfuser cœur et cerveau et augmenter les chances d’avoir un ROSC après une défibrillation. Notre travail conjoint avec Bentley Bobrow, au sein de l’Université de l’Arizona, nous a permis de développer ce concept de CO-CPR et de le diffuser au public. Cette implication des témoins est ainsi passée de 20% en 2006 à 75% en 2009.
Notre taux de survie (7,8%) était cependant semblable à celui de la RCP standard (7,6%).

La ventilation assistée précoce n’est pas nécessaire dans les AC primaires.
Dans un travail expérimental chez des animaux placés en FV, nous avons mesuré les gaz du sang. En rythme sinusal la PaO2 est de 85 mmHg pour une SaO2 à 97%. Lors d’une FV, les chiffres tombent seulement à 70 mmHg et 93%. Dés qu’on initie une CO-CPR, la PaO2 chute à 44 mmHg et la SaO2 à 34%. Cela peut sembler peu mais correspond à la SaO2 d’un sujet approchant du sommet de l’Everest. Ce taux bas ne l’empêche pas de fournir des efforts considérables.
Les chiffres récents de survie nous indiquent un taux de survie de 33,7% versus 17,7% pour une RCP standard. La large implication de la population semble pertinente.

Réanimation cardio-cérébrale
Nous pensons qu’il est préférable d’initier rapidement des compressions thoraciques (après un éventuel choc électrique), plutôt que réaliser une intubation trachéale. Nous pensons qu’il est licite de réaliser une oxygénation passive à haut débit.

Effet délétère d’une ventilation en pression positive
L’équipe du Dr Thomas Aufderheide a pu mettre en évidence la gène au retour veineux induite par des pressions intra-thoraciques élevées. Le débit cardiaque en est proportionnellement réduit.

Conclusion
La réanimation cardio-cérébrale est une nouvelle approche bénéfique pour les AC primaires.