Ils ont fait l’histoire de la médecine d’urgence

James Otis Elam
1918-1995

Né à Austin, au Texas, le futur Docteur Elam était peut-être prédestiné à devenir un promoteur de la ventilation de sauvetage. En effet, né prématuré et de très petit poids, sa survie était aléatoire. Il la doit à un praticien qui recommanda à sa maman de lui donner une tape sur les fesses chaque fois qu’il s’arrêtait de respirer !
Après des études de médecine à l’Université John Hopkins et un court passage dans la marine, il décide de se consacrer à la physiologie. Il était déjà bien persuadé que la technique apprise chez les scouts et qui consistait à étirer les bras de la victime en arrière avait peu d’efficacité. Souhaitant s’investir dans la physiologie respiratoire pratique, il se tourne vers l’anesthésie et rejoint l’Iowa. Avec Max Liston, il s’investit dans l’étude du CO2 expiré. La machine qu’ils inventent sera améliorée ensuite, toujours basée sur l’analyse spectrale de l’infra-rouge.
James Elam travaille ensuite sur la mise au point d’un respirateur « simulant » la respiration humaine. Son respirateur portera le nom de « Air Shield Ventimeter Ventilator » et sera utilisé de nombreuses années par beaucoup d’équipes.

Il n’oubliait pas son expérience avec les poliomyélitiques, qui avait prouvé l’intérêt de la ventilation par l’air expiré du sauveteur. Il en parle à Peter Safar lors d’un congrès d’anesthésie à Kansa City.
En 1958, Safar, Elam et leur confrère Gordon proposent conjointement le « bouche à bouche » comme technique de réanimation ventilatoire ne nécessitant aucun matériel. Elle sera adoptée en 1960 par la Croix Rouge Américaine et la Société d’Anesthésie.
Une rencontre déterminante que firent Safar et Elam, toujours en 1960, fut celle avec Asmund Laerdal, fabricant de jouets norvégiens. Il devenait essentiel, à leurs yeux, de fabriquer des « outils » de formation aux nouveaux gestes de resuscitation. Ils furent conjointement à l’origine du mannequin Resusci Anne, toujours utilisé aujourd’hui.

Un peu partout dans le monde, les praticiens d’une pratique débutante, l’anesthésie, surent mettre à profit leur métier de « spécialiste des gaz » pour devenir les premiers vrais réanimateurs. Mais saluons le courage et la passion qui animaient le Dr Elam. En effet, il en fallait pour, au grand dam de ses confrères, faire du bouche à bouche à des poliomyélitiques, censément contagieux.

. Elam JO, Brown ES, Elder JD : Artificial respiration by mouth-to-mask method. A study of the respiratory gas exchange of paralysed patients ventilated by operaor’s exhaled air. New England Journal of Medicine 250 : 749, 1954.
. Safar P, Escarraga L, Elam J : A comparaison of the mouth-to-mouth and mouth-to-airway methods of artificial respiration with the chest-pressure arm-lift methods. N England J Med 1958 ; 258 : 671.d