SAUV LIFE, l’appli qui permet aux citoyens de devenir sauveteurs d’arrêt cardiaque
Par le Dr Isabelle Catala, pour MEDSCAPE
Alors que le délai incompressible pour l’intervention des secours reste de 13 à 15 minutes en moyenne et que toutes les minutes comptent en cas d’arrêt cardiaque extrahospitalier, le Dr Lionel Lamhaut (APHP, Samu de Paris, Président de SAUV LIFE) a eu l’idée de recourir, grâce à une application spécifique, aux passants formés aux premiers secours. Ces derniers, volontaires pour intervenir doivent se situer géographiquement à moins de 10 minutes à pied du lieu d’intervention. Cette approche pourrait maximiser les chances de survie, qui sont à l’heure actuelle de 5 %. Raccourcir le délai de la mise en place des mesures de réanimation permet d’augmenter, à chaque minute gagnée, les chances de survie de 10 %. L’application a demandé 3 années de travail et son développement a été possible grâce à des donateurs tels que Uber, la société d’équipement d’ambulance Les Dauphins, et le Groupe Galeries Lafayette. Des partenaires institutionnels ont aussi participé : Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire, Samu Urgences de France, SFMU, Croix Rouge Française, AP-HP.
En 2015, la Suède avait expérimenté une approche similaire en cas d’arrêt cardiaque extra-hospitalier avec une appli faisant, elle, appel à des secouristes volontaires. L’analyse de l’étude avait révélé, que dans 81% des cas (249 sur 306), au moins un volontaire formé à la RCP se trouvait dans le rayon de 500 mètres autour de l’accident cardiaque. Sur 199 arrêts cardiaques (65%), au moins un secouriste amateur avait essayé de se rendre sur le lieu de l’accident. Enfin dans 13% des situations, le ou les secouriste(s) volontaire(s) ont été les premiers a initié la RCP.
Diriger le volontaire vers la victime ou un défibrillateur
Comment le recours aux volontaires se fait en pratique ? Tout d’abord en téléchargeant l’application sur son Smartphone et en acceptant d’être localisé à tout moment. Ensuite, lorsque le 15-Samu reçoit un appel pour arrêt cardiaque, les permanenciers et les médecins envoient les secours et déclenchent l’application SAUV LIFE. Celle-ci géolocalise les citoyens volontaires, leur adresse une notification par SMS et les dirige vers la victime si le citoyen est disponible pour proposer de l’aide. Si plusieurs personnes sont disponibles, l’algorithme interne sélectionne automatiquement les 4 citoyens les plus proches.
S’il existe des défibrillateurs de proximité, deux volontaires vont être dirigés vers la victime, deux autres vers les appareils (plusieurs défibrillateurs s’ils sont disponibles et avec un guidage GPS). Au téléphone, le Samu conseille le secouriste pour la réalisation des gestes « qui sauvent » en attendant l’arrivée de secours. Quand le Samu ou les pompiers arrivent, ils prennent le relais des sauveteurs.
Le Samu suit les déplacements des volontaires sur un écran dédié, mais aucune donnée de géolocalisation n’est conservée. Les permanenciers peuvent aussi entrer en contact avec les sites renfermant des défibrillateurs afin de les prévenir de l’arrivée d’un sauveteur.
Les soignants et secouristes en première ligne
« Depuis la mise en place nationale du service début 2018, 43 000 personnes se sont inscrites. On note une forte implication des personnels de santé et de secours », note le Pr Pierre Carli (Samu de Paris) à l’occasion des premières assises régionales des urgences, organisées par l’ARS Ile-de-France. En moyenne, de 12 à 30 personnes sont inscrites dans chaque département. En Ile-de-France, 8 Samu ont été dotés du logiciel. « Si plusieurs déclenchement ont déjà eu lieu, seule une personne a pu être efficacement secourue à ce jour ».