Edito

Quia respexit humilitatem ancillae suae
(Il s’est retourné sur la plus humble de ses servantes)
Bach dans le Magnificat

Cet appel à l’humilité s’adresse à tous ceux exerçant un certain pouvoir. Cela vaut, bien sûr, pour tous les dirigeants politiques ou du monde civil, cela vaut aussi pour tous ceux qui, de par leur situation sont « décideurs ». Et l’on ne peut que déplorer le sentiment de caste que dégagent certains personnages se détachant peu à peu de ceux qui n’ont pas comme eux la maîtrise des décisions et donnent l’impression d’être « hors sol ». La plèbe se révolte parfois et la vie sociale l’illustre souvent au travers de convulsions qui auraient pu être évitées par l’établissement d’un certain respect dans les relations humaines.
Cela vaut aussi pour le monde médical. Pouvoir soulager, soigner et parfois guérir, implique un certain savoir donc un certain pouvoir. Mais veillons à ne l’utiliser qu’avec humilité. Cet exercice particulier qu’est l’acte médical, est un exercice de responsabilité. Rappelons que ce mot vient du latin sponsio qui veut dire «engagement ». Le philosophe François Ewald, qui fut assistant de Michel Foucauld au Collège de France, le précise fort bien. « Dans l’antiquité́ romaine, il s’agissait d’une formule solennelle prononcée à l’occasion de l’engagement d’une personne vis-à-vis d’une autre. Par cette formule, le citoyen romain garantissait son engagement à tenir sa promesse, quoi qu’il arrive ». Magnifique définition de la médecine ! Notre responsabilité vis-à-vis des patients est bien un engagement à les soigner « au mieux ». Mais ce devoir est aussi une ressource pour les soignants qui savent échanger autant que soigner au travers du fameux « colloque singulier » qui caractérise notre pratique. En effet, soigner c’est aussi partager, si tant est que notre patient ne soit pas pour nous une entité anonyme réduite à une pathologie. Un patient, un jour, me confia que certains confrères soignaient sa maladie alors que d’autres le soignaient lui. Tout un symbole au travers de cette remarque. Soigner au plus humain fait bien partie de ces attitudes existentielles fondatrices, de ces « gestes initiaux, qui irradient dans la vie, et dans notre vie.

Rédacteur en Chef
Jean-Claude Deslandes